Love Exposure

Dire de Love Exposure qu’il tient du miracle tient autant de l’euphémisme que du jeu de mot volontaire, eu égard au thème et à la durée du film.

Soit un jeune héros, Yu (Takahiro Nishijima), un cœur pur, fils d’un homme devenu prêtre suite au décès de sa femme (Asturo Watabe),endeuillé tout jeune par le décès de sa mère qui l’encourage à chercher sa « Marie ». Dès lors débute pour notre héros la quête d’une vie.

Yu constate un changement de comportement d’un père plus vraiment avenant, voir froid. Constamment sur le dos de Yu pour savoir quel péché il aurait pu commettre au dehors, et la pureté de Yu étant ce qu’elle est, la discussion tourne court. En réaction, Yu intègre un gang de pervers complètement déjanté.

Le gang lui enseigne les rudiments du bon petit pervers. Il faut voir son agilité à prendre quelques clichés sous les jupes des filles avec une virtuosité inouïe et d’improbables acrobaties au service de son nouveau hobby. Autant de photo shoots à l’arrache comme autant d’hilarant morceaux de bravoure. Ça aurait pu être au mieux gentiment coquin ou au pire glauque… mais il n’en est rien. C’est juste très très drôle.

Un jour, après avoir perdu un pari, Yu doit se grimer en femme, parader dans la rue de la sorte, et embrasser une fille au hasard. Il revêt les habits de la Femme Scorpion.

Interlude.

Mais qui est la Femme Scorpion?

Héroïne nipponne d’une série de film sortie dans les années 70 et campée par Meiko Kaji à l’ecran. Trahie et bafouée par son amant, Matsu est envoyée en prison et cherche vengeance… votre humble serviteur ne l’a pas encore vu mais ce pitch bien plaisant donne envie de voir ça. Voilà voilà!

Fin de l’interlude.

Dehors, il assiste avec sa bande à l’agression d’une jeune fille (préméditée, l’agression, l’on découvrira plus tard). La fille, Yoko (Hikari Mitsushima) est dotée d’un très fort tempérament, et n’est pas non plus novice en bottage de cul visiblement. S’ensuit un combat de rue jouissif où Yu et Yoko bastonne à l’unisson. Sorti vainqueur du combat de rue, et nos deux héros toujours debout, Yu profite de l’occasion pour en finir avec son pari et embrasse Yoko. Cette dernière tombe sous le charme… de la Femme Scorpion!

Le titre du film apparaît enfin au bout de 58 minutes de métrage. Ah oui, au fait, le film dure 3h57. Le préambule est long mais à aucun moment laborieux, et on oscille constamment entre le drame et la comédie. Et les trois heures suivantes seront exactement sur ce fil ténu et fragile du mélange des genres. Le pari est réussi. Ça fonctionne à merveille!

Bref, si vous avez tenu au bout de ces 58 minutes sans avoir eu un bâillement poli, vous êtes bon pour une inoubliable expérience de cinéma.

Là est le miracle. On ne voit pas passer ces presque quatre heures de métrage. Et au final, on a du mal à étiqueter Love Exposure. Comédie? Drame? Thriller? Un peu des trois pour ainsi dire. Il est fortement question au milieu du film d’une secte, l’Eglise Zéro, qui s’immisce dans la vie de Yu et Yoko, à travers le personnage de Koike (Sakura Andô) , à la fois amoureuse (vraiment?) de Yu et voulant détruire Yoko, sa rivale principale, spirituellement s’entend.

On peut s’accorder cependant sur un point crucial : on a là à faire à une histoire d’amour vraiment atypique. Beaucoup de larmes et de sang vont couler pour sauver Yoko des griffes de l’Eglise Zéro. Une confrontation entre Yu et Yoko est à ce titre évocatrice (et accessoirement l’une des plus belles scène du film). Yoko remet en cause la perversion et le manque de foi en Dieu de son prétendant. Elle lui récite l’épître aux corinthiens alors que la bande son joue le concerto n°7 de Beethoven. De cette longue et intense joute verbale découlera un statu-quo total, chacun campant sur ses positions. La scène dure, dure et dure mais le jeu habité des deux jeunes acteurs est tel qu’elle est magnifique. Et dire que Sono Sion doutait de sa jeune actrice en début de tournage… voir sur l’écran sa longue tirade montre à quel point le réalisateur était un peu à côté de la plaque.

Qui eut cru qu’avec un tel sujet et surtout une telle durée de métrage Sono Sion ait pu accoucher d’un vrai chef-d’œuvre aussi irrévérencieux que touchant. (Cette fin… mais cette fin!).

Si toi aussi, chère lectrice, cher lecteur, tu as vu, aimé, voir détesté Love Exposure, n’hésite pas à donner ton avis!

Ah, l’amour!!

Pushing Daisies

Souvenir lointain d’une soirée de décembre où votre humble serviteur était cloué à son canapé avec pour seule compagnie un maousse rhume qui n’en finissait pas et qui le tenait éveillé jusqu’au bout de la nuit. Oui je parle à la troisième personne. C’est bon de se la péter un peu.

Durant cette courte période j’ai découvert sur une chaîne belge deux séries télé. Un pétard mouillé, True Blood ( ça part un peu en sucette à partir de la saison 4, non?), et un petit bijou télévisuelle qui n’a duré que deux malheureuse saisons (22 épisodes) du nom de Pushing Daisies.

Ah! Pushing Daisies. Ses personnages haut en couleurs! Sa romance un peu culcul! Ses intrigues abracadabrantesque! Aussi, et surtout, son esthétique et son atmosphère à la fois très drôle et surréaliste!

Et sa désagréable sensation d’inachevé…

Pushing Daisies donc.

Créé par Bryan Fuller (Hannibal, la série, et American Gods plus récemment) en 2007, Pushing Daisies est un peu l’équivalent télé d’un bonbon au poivre : acidulé en surface et piquant à l’intérieur.

Le jeune Ned (Lee Pace) se retrouve affublé d’un bien singulier pouvoir. D’un seul touché du doigt, il est capable de ressusciter tout être, humain, animal ou végétal, pendant 60 secondes. Si Ned le touche une nouvelle fois avant l’échéance, le vivant mort le redevient… mort. Par contre, passé cette minute fatidique, le mort reste en vie, dès lors que Ned ne le retouche plus du tout. Maís pour rééquilibrer la balance, quelqu’un d’autre doit mourir. Vous suivez?

Pourquoi ces règles? On ne sait pas. Maís on s’en fiche, c’est quand même bien fun!

Il découvre ce pouvoir le jour où son chien, Digby, se fait écraser.

Le jeune Ned s’amourache de Charlotte Charles (Anna Friel), « la fille que l’on surnommait Chuck ». L’entente est parfaite, jusqu’au jour où la mère du pauvre Ned meurt. Est illico ressuscitée , et ce pendant plus d’une minute. Et ce faisant entraîne la mort du père de la pauvre Chuck. Au pouvoir de Ned s’ajoute dès lors ce lourd secret.

Chuck sera recueillie par ses deux tantes, Vivian et Lily (Ellen Greene et Swoosie Kurtz), deux anciennes nageuses synchronisées du nom de The Darling Mermaid Darlings.

Les années passent et Chuck et Ned se sont éloignés l’un de l’autre.

Emerson Cod (Chi McBride), un privé, est témoin du don de Ned, celui ci entre temps devenu pâtissier. Le détective a l’idée de faire équipe avec lui pour mener des interrogatoires post-mortem afin de toucher d’éventuelles récompenses. Tout roule jusqu’au jour où la victime à ressusciter s’avère être Chuck, étouffée et jetée en mer dans des circonstances mystérieuses. Les retrouvailles sont touchantes et, fatalement, Ned le pâtissier dépasse la minute fatidique.

Après moult péripéties, le duo dynamique résout l’affaire et devient trio à la fin de l’épisode.

S’ensuivront 21 épisodes aussi barré que celui ci étalés sur deux saisons… et une grande frustration de ne pas voir se poursuivre les aventures de Ned et de sa petite troupe haute en couleur.

Il y avait pourtant de quoi faire, et une saison de plus n’aurait pas été de trop pour pouvoir boucler le tout trankilou. On sent hélas un peu de précipitation dès lors que la deuxième saison touche à sa fin, le gros des intrigues étant bouclé en moins de 5 minutes.

Dommage, car il y avait ici un formidable alignement des planètes qui laissait augurer une certaine longévité, que cela soit par l’omniprésence pince sans rire d’un narrateur à la voix suave (Jim Dale dans la v.o), de résolution d’énigmes qui ne sont que prétextes à aligner des idées plus folles les unes que les autres (ce meurtre inénarrable d’un ersatz du Colonel de KFC plongé dans sa propre mixture… en ressort un humain frit peu ragoûtant et d’allure cartoonesque), du look général particulièrement bariolé (que cela soit les costumes ou les décors, quelque part entre Tim Burton et Jean-Pierre Jeunet)), des dialogues et des gags réglés au millimètre, ou d’une galerie de personnages, héros comme seconds couteaux, d’une loufoquerie assumée.

Olive Snook en tête (Kristin Chenoweth dans le rôle titre), amoureuse éprise de Ned, qui lui ne la considère qu’en temps qu’employée et amie. Olive, de frustration et de colère d’avoir accumuler tant de petits secrets et de cachoteries de la part de ses pairs, se retirera dans un couvent (et nous livrera au passage un numéro musical façon La Mélodie du Bonheur), pour mieux revenir par la suite.

On est loin des idées morbide d’un Hannibal ou des confrontations violentes des nouveaux et anciens dieux d’American Gods, les derniers bébés en date du créateur de la série Bryan Fuller. Mais le tout se regarde sans déplaisir. Il fut question à un moment d’un passage sur grand écran. Ce serait bon de revoir un jour Ned et ses camarades de jeu au cinéma! Pour l’heure, les au revoirs ont surtout un arrière goût, une amertume, un sentiment d’expédier à la va vite.

This is the story of a piemaker named Ned.

Double Programme (1)

Au programme, deux productions Charles Band avec des objets inanimés qui ont une âme dedans.

Tourist Trap, David Schmoeller, 1979. Une bande d’amis trouve refuge, après une panne de jeep, dans un musée de cire isolé, L’Oasis Perdue de Slausen. « C’est inouï ce qu’elles sont vivantes » s’exclame une protagoniste en désignant les locataires du lieu. Elle ne croit pas si bien dire tant les poupées de cire de l’étrange Monsieur Slausen cachent bien leur jeu. Il n’y a pas qu’elles d’ailleurs.

Dolls, Stuart Gordon, 1987. Un couple bourgeois/hautain/prout-prout (ne rayez pas la mention inutile) et leur petite fille échouent, par une nuit d’orage et alors que leur voiture est embourbée, dans un manoir tenu par un vieux couple de prime abord accueillant. Ils sont bientôt suivi dans leurs déboires par deux nénettes un peu punk sur les bords ramassées en chemin par un bon samaritain. La bâtisse est remplie de poupées. « La plus longue nuit du monde », dixit la gosse, débute, alors que les poupées douées de vie malmènent violemment ceux qui ont eu le malheur d’oublier chez eux leur âme d’enfant. Spoiler qui ne se mouille pas: l’infâme belle mère de la gamine y passe.

On a ici deux traitements radicalement différent et intéressant de deux sujets pourtant très similaires. Tourist Trap joue beaucoup sur le suspense et le surréalisme, ce dernier élément renforcé par la partition de Pino Donaggio (compositeur sur plusieurs métrages de Brian de Palma), qui confère au film une atmosphère tour à tour inquiétante et bizarrement guillerette. Dolls par contre est un pur produit des années 80. Ici la violence est plus graphique mais indéniablement plus fun. A noter que Guy Rolfe, le vieux monsieur dans Dolls, endossera quatre ans plus tard le rôle du fabricant de marionnettes maléfique André Toulon à partir du troisième Puppet Master… encore une production Charles Band!

JL… Follow me Happy People!!

Spaced (1999-2001)

Il y aurait donc eu en nos contrées une diffusion de l’excellentissime série Spaced du non moins excellentissime réalisateur Edgar Wright (Shaun Of The Dead, Hot Fuzz, Scott Pilgrim, Le Dernier Pub Avant La Fin Du Monde, et Baby Driver dernièrement). Sur la chaîne Comédie et sous le titre Les Allumés.

Sorti en 1999 et bien avant que le geekisme ne soit tendance, Spaced série coécrite par Simon Pegg et Jessica Stevenson, fait son entrée dans la petite lucarne Outre Manche sur Channel 4.

L’histoire est simple. Lui, Tim Bisley (Simon Pegg, formidable), auteur et vendeur de comics, fan de skate,Star Wars et Gillian Anderson, se fait douloureusement plaquer par sa petite amie et dès lors se retrouve à la rue. Elle, Daisy Steiner (Jessica Stevenson, formidable) écrit et est à la recherche d’un logement. Ils se rencontrent, font front commun, compulsent les petites annonces ensemble. Il y a bien une annonce intéressante mais la logeuse recherche un couple. Advienne que pourra, Tim et Daisy se font passer pour un couple. Ils pousseront même assez loin leur préparatif concernant leur passif ensemble dans une scène jubilatoire.

Viendront se greffer au fur et à mesure de l’histoire une galerie de personnages haut en couleur et attachant. Il y a d’abord, Marsha (Julia Deakin), la logeuse au phrasé si particulier, en conflit permanent avec sa fille. Mike ensuite (Nick Frost), copain de Tim, militaire tout en moustache et treillis, recalé de l’armée pour avoir voulu envahir Paris avec un tank (!?!) et distrait in extremis dans sa mission par… EuroDisney! Brian (Mark Heap) lui, est l’artiste décalé et torturé du rez-de-chaussée. Et qui accessoirement a eu une liaison de courte durée, et pas vraiment torride, avec Marsha. Et Il y a Twist (Katy Carmichael), la bonne copine fashion victime et superficielle (en clair un vrai cliché ambulant) de Daisy.

Cette amorce d’histoire pourrait rester simpliste si les auteur(e)s n’étaient pas doué d’un réel sens du timing comique et d’une connaissance inouïe des codes du cinéma de genre et de la pop culture. Car oui, Spaced n’est pas une sitcom qui avance sans risque d’un point A à un point B. Les clins d’oeil au 7éme art sont légions et la réalité dérape en permanence.

C’est bien simple, les références pleuvent à chaque épisode, évidentes ou obscures, dans les dialogues ou les images, ou par un simple effet de mise en scène. On a en vrac Jurassic Park, Star Wars, Resident Evil, Sixième Sens, Matrix, Grease… la liste est très très loin d’être exhaustive.

Dans l’une des scènes d’ouverture d’un épisode de la saison 2, Brian, photographe à ses heures, développe une série de clichés prise lors de la fête d’anniversaire de Daisy. Brian découvre avec effroi quelques détails, primordiaux pour le reste de l’épisode. La scène aurait pu en rester là. Sauf que l’habillage sonore de la séquence reprend celui de la scène d’intro de Massacre à la Tronçonneuse (le bruit de l’appareil photo qui prend des clichés des cadavres, ponctué d’un son à la fois strident et macabre).

On a ici un numéro d’équilibriste permanent, hommages et citations venant s’intégrer à merveille à la narration des 14 épisodes (voir le gunfight mimé dans l’allée façon John Woo, un pur moment régressif!), le tout dynamisé par une distribution d’une coolitude absolue. Un casting excellent autant dans les personnages principaux que les seconds couteaux (Peter Serafinowicz en tête, dans le rôle du rival tête à claque de Tim, et qui a accessoirement un rire bizarre qui tient plus de l’extase que du rire franc!)

On peut aussi constater, au détour de certaines scènes, des effets de styles qui seront récurrents dans les métrages d’Edgar Wright.

Spaced n’aurait pu être qu’une énième sitcom impliquant une bande de potes qui se coltinent le quotidien et ses petits tracas. Mais, entre les persos dont on se sent vraiment proche, les situations tellement familière… alors oui c’est là le principe des sitcoms… sauf qu’ici on a ce petit quelque chose, ce petit supplément d’âme, ces envolées à la fois surréaliste et tellement drôle, qui font toute la différence.

Bref, si ce n’est pas encore fait, jetez vous sur Spaced (pour l’avoir revu dernièrement pour cet article, je trouve que la série vieillit vraiment bien, et c’est sympa de voir Pegg et Frost à leur début), et pour ceux qui connaissent déjà, vos retours sont les bienvenus!

JL

Pulp Fiction à peu près…

Diableries – Aventures Stéréoscopiques En Enfer (2013)

Un bel objet? Un beau livre? Les deux!

Diableries est né de la passion commune de Brian May (oui, on parle bien ici du guitariste du groupe Queen!), de Denis Pellerin, un historien français, et de Paula Fleming, américaine, historienne de la photographie et archiviste au Smithonian Institute, pour cette collection de cartes qui dépeint sous un angle caustique et politiquement engagé des tranches de vie situées en Enfer, avec dans le premier rôle le Diable en personne, secondé dans sa tâche par une troupe de joyeux (quoique) squelettes.

Ces Diableries, au delà de leur simple valeur artistique, ont ceci d’intéressant qu’elles fonctionnent par le biais du procédé appelé stéréoscopie. On peut ainsi consulter ces images de figurines d’argile, à la fois macabre et merveilleusement façonnées, à l’aide d’un appareil oculaire qui offre un rendu 3D de l’enfer et de ses habitants.

Les Diableries font leur apparition au 19ème siècle durant le Second Empire sous le règne de Napoléon III qui avait rétabli la censure en 1852. Chaque œuvres, informations, photographies, livres, satires… tout ce qui était possible d’être consulté par le plus grand nombre, était passé au crible par les censeurs de l’époque.

Difficile dés lors de critiquer, bousculer, le pouvoir en place.

C’est dans ce contexte pas particulièrement désopilant que les premières Diableries (il y aura sept séries) firent leur apparition en 1860, sous l’impulsion de Louis Alfred Habert et Pierre Adolphe Hennetier (sculpteurs), de François Benjamin Lamiche (photographe) et assemblées bien plus tard par Adolphe Block (éditeur). La première série (A) constituant le plus gros de la collection. 

Et les références cachées au dit Empereur sont nombreuses, que cela soit son mariage (A8) ou le passage en revu de ses troupes (A11) etc, etc… 

Mais Diableries est aussi et surtout un bien bel ouvrage qui non seulement nous permet de découvrir ces images d’antan, mais également de les consulter avec un stéréoscope fabriqué par Brian May lui-même.

Il n’est pas vraiment aisé de voir l’image en 3D du premier coup, et un petit entraînement, expliqué en début d’ouvrage, est de rigueur. C’est vraiment toute une technique, et votre humble serviteur qui a un petit problème de vue, a tout de même réussi l’expérience (pour moi ce n’était vraiment pas gagné car j’ai en général un gros problème de perception avec ce procédé).

Je dois dire que le résultat est parfois bluffant (il y a une telle illusion de profondeur de champs par moment!). Et le texte qui accompagne la photo nous éclaire toujours sur le contexte historique, voir par moment religieux (L’enfer, Le Paradis, Le Purgatoire, Le Jugement Dernier… pour rappel ça ne rigolait pas vraiment avec Dieu en ce temps là) ou social (l’engouement du peuple pour les premières courses cycliste, la fête…)

Le succès à l’époque ne se fait pas attendre, et ces images joyeusement blasphématoire ont très vite le vent en poupe auprès du peuple qui y trouve là une sorte d’exutoire bien inoffensif.

Mais ça ne s’arrête pas là. On peut également poursuivre l’expérience Diableries via le site www.onenightinhell.com. On y trouve, en plus des dernières actus sur le sujet, des liens sur le court-métrage d’animation du même nom (bande originale de Brian May accompagné de l’Orchestre National Symphonique Tchèque… la classe internationale donc!), où l’on suit un héros tout en os et chapeau haut de forme déambulant, étui à guitare à la main, à travers plusieurs scènettes extraites des Diableries. Le métrage est suivi par un documentaire, Diableries Prenant Vie, où les trois auteurs du livre nous content la genèse du projet et l’équipe du film l’expérience et le défi technique du tournage.

One Night In Hell Trailer

Vous trouverez également des liens qui concernent l’application Diableries Ou Voyage Dans L’Autre Monde. Sympa pour qui veut prolonger la chose sur tablette. Il y a bien quelques échantillons d’images à observer au stéréoscope… mais même si l’appli est bien conçue et l’atmosphère sympa, elle n’est pas vraiment indispensable. Et elle est payante!

Et toi cher(e) lecteur(trice)? Connaissais-tu ou avais-tu déjà entendu parler de cet ouvrage? 

Merci de m’avoir lu!

JL

P.S : mes goûts, mes couleurs, je les expose sans vergogne sur mon compte Instagram sous le doux sobriquet de @forbiddenzine. Viiiens!!!

Halloween III – Season Of The Witch

Début des années 80.

Jugeant avoir fait le tour de la question avec les deux premiers opus de la série, John Carpenter s’est mis en tête de faire une autre série de film ayant pour toile de fond la fête d’Halloween, sans avoir systématiquement Michael Myers dans le rôle de la crevure. Le top départ de cette série voulue anthologique est donné par Halloween III – Season Of The Witch, réalisé par Tommy Lee Wallace (l’adaptation du Ça de Stephen King, c’est lui!). Il est superflu de s’embarrasser du titre Halloween III tant il est à part du reste de la série. Contentons nous de l’appeler Season Of The Witch.

Le film s’ouvre sur une info télé pas si anodine que ça, la disparition d’une pierre de neuf tonnes sur le site de Stonehenge. Rien que ça!

On embraye sur un employé d’une fabrique de masque d’Halloween, Silver Shamrock, qui meurt assassiné dans un hôpital à l’issue d’une poursuite par un mystérieux individu. L’homme tient dans sa main un masque de citrouille estampillé Silver Shamrock. Il aurait découvert selon toute vraisemblance quelque chose de pas très net dans ladite fabrique.

Dan Challis, (Tom « big moustache » Atkins dans le rôle) le médecin en charge ce jour là sent qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire lorsqu’il est témoin de l’immolation de l’assassin dans son véhicule. Challis délaisse sa femme et ses gosses pour mener l’enquête à Santa Mira, bourgade californienne qui n’aurait pas dépareillé dans un épisode de la Quatrième Dimension, tant l’atmosphère qui règne en ce lieu est bizarre. Là sont fabriqués les masques Silver Shamrock. Notre héros sera secondé par la fille du défunt, avec laquelle il aura au passage une liaison.

Season Of The Witch est le vilain petit canard de la série, ce qui est fort dommage car il possède son lot de bonnes scènes malgré tout, la plupart lorsque l’action se déplace à Santa Mira. Que dire sans trop en dévoiler?

Il est surtout question de sorcellerie ancestrale dissimulée (masqué!) sous une grosse couche d’amusement populaire (voir ce spot que je vous met au défi de ne pas fredonner après visionnage du film) et de capitalisme triomphant. Sur ce dernier point, le film égratigne (un petit peu au passage, faut pas pousser non plus) l’emprise de ces grands groupes qui s’installent dans ces petites localités, par le biais d’une scène entre Challis et l’ivrogne du coin, qui déplore le manque d’ embauche des gens du cru.

Ici le mal absolu n’est pas masqué et n’avance pas aveuglément avec un couteau démesurément gros. Ici le mal absolu est incarné par un homme en complet veston du nom de Cochran. Il se fait une joie de refourguer à travers tout le pays des masques pas si inoffensifs que ça.

Cochran est secondé dans son business mortifère par des hommes de main bien inquiétants. Ils sont un peu une version adulte et costard cravate des mômes du Village Des Damnés.

Malgré un honnête métrage et un final ouvert que l’on présume apocalyptique, le film sera un bide. Et Michael Myers reviendra au quatrième épisode.
John Carpenter a plusieurs casquettes sur le métrage. Il compose d’abord la B.O avec son collaborateur régulier de l’époque, Alan Howarth. Les compères signent là l’une de leur meilleure partition. Carpenter a également le poste de producteur.

Donnez une chance à Season Of The Witch, ou une seconde chance si vous l’avez déjà vu, car il reste en soi un honnête divertissement.

JL

The clock is ticking! It’s almost time !

Trick ‘r Treat

Réalisé en 2007 par Michael Dougherty et produit par Bad Hat Harry, la boîte de prod de Bryan Singer (Usual Suspects, X-Men), Trick’r Treat est une bonne petite pépite horrifique. Voilà, je pourrai m’arrêter là car tout est dit. Mais comme j’aime vivre dangereusement, grand foufou que je suis…

Je vous avais parlé à l’occasion de mon premier post ici (non pas ici, ici… vous vous êtes perdu?) de ma volonté de vous présenter des œuvres du genre injustement peu (re)connu en nos contrées. Trick’r Treat est clairement le genre d’oeuvre qui tombe pile dans cette catégorie. Ce film n’a pas eu les honneurs d’une sortie salle (sauf en festival), ni dvd. Bref vive l’option dézonnage de platine pour pouvoir visionner la chose en Zone 1! Après vérification, le film est dispo sur le site vod de la marque à la pomme. Non ne me parlez pas de téléchargement illégal, je ne veux pas savoir ce que vous faites!

La jaquette du DVD proclame « The Best Halloween Film Of The Last 30 Years. » Rien que ça? Il est vrai qu’à part les suites du Halloween de Carpenter et de son remake, il n’y a pas vraiment eu de prétendant à ce titre.

Le Halloween de Carpenter parle d’un tueur masqué qui sévit pendant cette fête. Ce n’est qu’une toile de fond. Alors que Trick’r Treat, fondamentalement, et sans prétendre marcher sur les plates bandes de Big John, honore la dite fête! Ici il est moins question d’un tueur masqué (s’il n’y en avait qu’un!) que de faire participer le spectateur à la fête, de créer une sorte de connivence, dans la joie, le sang et la bonne humeur.

Trick’r Treat est une anthologie horrifique qui à l’inverse des conventions de ce sous genre utilise les mêmes unités de lieu et de temps. Il s’agit là moins d’une anthologie qu’un film chorale auquel on aurait ajouté de macabres atours.

Unité de lieu d’abord. Une petite ville dans l’Ohio. Unité de temps ensuite : de nos jours, pendant Halloween.

Une séquence pré-générique nous montre le funeste destin d’une femme peu encline aux traditions d’Halloween, à l’inverse de son conjoint. La scène est simple, efficace et donne la tonalité générale du métrage.

Viens le générique, très comic book, du plus belle effet, sur une musique qui fait furieusement penser à un savant mélange entre Bernard Herrmann (compositeur fétiche de Alfred Hitchcock) et Danny Elfman (compositeur sur les films de Tim Burton). La B.O composé ici par Douglas Pipes est génial!

On nous présente Charlie, un sale gosse qui écrase des citrouilles et vole des bonbons. Son sort sera peu enviable lorsqu’il croisera la route du proviseur Wilkins.

On suit ensuite une bande d’ados bas du front qui joue un sale tour à Rhonda « l’attardée » comme ils la nomment, dans une carrière abandonnée ou naguère un drame effroyable eut lieu. Cette histoire locale nous est contée par le biais d’un flash back à la fois visuellement beau, émouvant mais très cruel.

Fatalement les fantômes du passé n’ont pas dit leur dernier mot. Rhonda non plus.

Dans le troisième segment, Anna Paquin (True Blood) joue le rôle de Laurie, jeune femme réservée et déguisée en chaperon rouge pour l’occasion. Ses copines loin de l’être, réservées, branchent des mecs pour une petite sauterie.

Laurie nous est présentée comme la vierge du groupe de fille. (Attendez… Laurie. Vierge. Halloween. Hasard? Ah, ah!) En chemin, elle se fait coincer par un tueur en série. Mais la victime toute désignée a de la ressource et n’hésitera pas à montrer les crocs.

Le dernier segment nous conte l’ histoire d’un vieil homme, Mr Kreeg, retranché chez lui. Un petit farceur d’Halloween le harcèle dans son propre domicile. Mais il s’avère que le pauvre vieillard n’est pas aussi innocent qu’il n’y paraît.

Difficile d’en dire plus sans tomber dans le spoiler bête et méchant. Sachez seulemement que la structure du film n’est pas chronologique, un peu à la manière d’un Pulp Fiction. Ainsi on retrouve le petit couple de la séquence pré-générique un peu plus loin dans le métrage. Et certains personnages passent du rôle de victime à celui de bourreau ou vice versa… Etc, etc…

Et il y a Sam! Le fil rouge du film. Surtout ne pas contrarier Sam! Ce petit bonhomme ne supporte pas que l’on méprise sa fête. Petit diable qui personnifie à merveille cette tradition, il faut voir sa frénésie à punir les gens irrespectueux de l’événement (Attendez… Sam. Samhain. Halloween. Hasard? Ah, ah!)

Le film en soit ne fait pas peur, mais il est très très fun!

JL

Always check your candy!

P.S : si vous pouvez vous dégotter la B.O dans sa version vinyle, il y a un quatrième disque bonus qui retranscrit les ambiances entendues tout le long du film (chuchotement, vomissure, hurlement de loups à l’appui). Pas forcément indispensable mais sympa! Et le package a de la gueule :

Cool non?
Ouais, cooool!
Et le disque bonus.

Why Horror

Mon complétisme effréné me pousse parfois à acheter tout et n’importe quoi. Feast 2, par exemple, j’aurai pu m’abstenir de sortir mon portefeuille. Jeepers Creepers 2, je ne regrette rien. Des fois, je ne suis quand même pas maso : X-Men 3, j’en veux pas.

Ce réflexe complétiste m’a poussé à acheter Rec 4 : Apocalypse. Pas pire que le troisième, pas honteux, divertissant, sans plus. La surprise par contre vient du deuxième disque offert en supplément, qui n’a curieusement rien à voir avec le dit film.

C’est un documentaire intitulé Why Horror?, et qui suit Tal Zimerman, fondu de cinéma d’horreur, pigiste dans le génial mensuel canadien Rue Morgue, à la recherche d’une réponse à une question qui le taraude depuis son enfance, Why Horror?, donc. Pourquoi la peur, nous, spectateurs, on aime ça?

Et pour avoir une amorce de réponse convenable, le sieur Zimerman convoque du beau monde : John Carpenter, Georges Romero, les sœurs Soska, Alex de la Iglesia, Don Coscarelli, des collaborateurs du magazine… Que du beau monde.

C’est pertinent, drôle, et beaucoup d’amateurs du genre s’y reconnaîtront.

A voir!

Why Horror? trailer


L’Antre De La Folie

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La réalité n’est plus ce qu’elle était ma bonne dame, dixit un personnage du film (et le ma bonne dame c’est cadeau. De rien!)

L’Antre De La Folie, de John Carpenter, sort en France en 1995 et dans un circuit très restreint. Votre humble serviteur a vu ce petit bijou d’horreur surréaliste dans une toute petite salle. Et a pris une grosse grosse claque. Eh oui! Disons le d’emblée, In The Mouth Of Madness, son titre en version original, est son meilleur film tout du moins pour sa période 90’s.
En général, lorsqu’on aborde la filmo de John Carpenter, c’est toujours plus ou moins les mêmes titres qui reviennent. Halloween. The Thing. New York 97. Rarement L’antre De La Folie. Essayez autour de vous, vous verrez.
C’est pourtant loin d’être nul.

John Trent (Sam Neill), enquêteur en assurance, est chargé de retrouver Sutter Cane (Jurgen Prochnow), le plus gros écrivain d’horreur du moment, disparu sans laisser de trace avec son dernier manuscrit. Vous pouvez faire une croix sur Stephen King, Cane se vend beaucoup mieux ma bonne dame, dixit Linda Styles (Julie Carmen), agent littéraire de l’écrivain maudit (et le ma bonne dame, je vous l’offre. Non vraiment!)
Trent, à qui on ne l’a fait pas et qui flaire là un bon coup marketing, s’empare de l’affaire.

Voilà un point de départ des plus classique. Les choses se corsent lorsque Trent découvre la cache hypothétique de Sutter Cane. Hobb’s End, petite ville où l’auteur situe ses intrigues. Sauf que Hobb’s End est, selon toute logique, une ville fictive.
Mais comme toute logique est abolie au fur et à mesure du métrage, nous suivons donc John Trent secondé par Linda Styles, à Hobb’s End.

Et la, c’est un festival. Entre une vieille réceptionniste a priori avenante mais en fait non (Mme Pickman… Les fans de Lovecraft seront aux anges tant les références à l’auteur sont omniprésentes) des gamins monstrueux, un tableau qui ne reste jamais pareil d’une scène à l’autre, une église maudite… Il y a vraiment quelque chose qui cloche dans cette petite ville. Sans trop en dévoiler, et comme le début du film le suggère, Trent ne ressortira pas indemne, mentalement s’entend, de cette visite à Hobb’s End.

Soyons honnête, quand on revoit L’Antre De La Folie aujourd’hui, il saute aux yeux que certains effets sont datés. Le film n’en reste pas moins d’une redoutable efficacité. La fin du film, nihiliste en diable, ne fait pas l’unanimité parmi ceux qui l’ont vu (je vous laisse juge) et pourtant elle est dans la logique du métrage.

JL

Lived any good books lately?

 

 

 

 

 

Note D’Intention

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Ça va bien?
Ce blog ne prétend en aucun cas être un panorama exhaustif du genre fantastique.
N’attendez surtout pas un énième article sur The Shining de Stanley Kubrick, ni sur la cultissime série The Twilight Zone (La Quatrième Dimension en nos contrées). Des œuvres pour lequel j’ai le plus grand respect au demeurant.
La dernière production Marvel dopée aux gros FX… Pas ici, désolé.
Ma volonté ici est de traiter d’oeuvres connues quoique plus confidentielles ou carrément passé inaperçue, tout du moins ici en France. Des films, livres, b.ds, comics qui ne sont pas vraiment des chefs d’oeuvres ou considérés comme telle, mais qui ne déméritent pas non plus. Des œuvres réussies qui n’ont pas forcément rencontré leur public.
Si d’aventure je vous parle du King de l’horreur, n’attendez pas un sujet sur un hôtel hanté ou une lycéenne qui a un don de télékinésie, ni une étude approfondie de sa bibliographie. D’autres, blogueurs, fans, universitaires… l’ont déjà fait et bien mieux que moi.
Si par hasard je vous cause de Big John, cela ne sera sûrement pas pour faire une énième critique d’Halloween ou de The Thing.
D’ailleurs, pas de critique en ce lieu. Juste le point de vue d’un amateur du genre fantastique à destination d’autres amateurs du genre.
Si vous attendez que je vous parle de la dernière tendance… vous risquez d’attendre longtemps!

Très jeune je suis tombé à pieds joints dans le genre. Au début des années 90 plus précisément. J’écoutais, horrifié, le compte rendu de films d’horreur d’un mec de mon école. Appelons le Kevin. Si ça se trouve, il s’appelle vraiment comme ça. Kevin, donc, me racontait avec force détails et bien souvent bruitages évocateurs à l’appui, ses lectures de la défunte collection Gore (édition Fleuve Noir… Gore, Pocket Terreur, voir J’ai Lu Épouvante sont des collections qui manquent cruellement dans les rayonnages de nos librairies. Heureusement que l’on peut encore se rabattre sur les bouquinistes ou les vide-greniers).
Durant la même période, je regardais le film d’horreur du samedi soir 23h00 sur Canal + (sauf le premier samedi du mois… Allez savoir pourquoi!) J’ai pu voir des œuvres, essentielles, comme Freddy 5 L’enfant Du Cauchemar, Simetierre, Killer Klowns From Outer Space… Essentielles je vous dis.
A la même époque, j’ai vu sur grand écran Le Silence Des Agneaux. J’en suis ressorti de la salle blême et avec le sentiment d’avoir vécu une expérience cinématographique marquante. Quelques années auparavant, Les Incorruptibles de De Palma m’avait procuré la même sensation. Et je les revisionne encore aujourd’hui avec le même plaisir.
Dans la foulée, je lisais mon premier Mad Movies, n°72, numéro d’été, avec Freddy, encore lui, en couverture. Je ne vous ferais pas le sempiternel refrain « Mad Movies c’était mieux avant ». Un jeune qui découvre Mad Movies là maintenant vous dira exactement la même chose dans 20 ans.
Je crois que le même été, je lisais mon premier Stephen King. Dead Zone. La claque.

Ma volonté ici est de proposer un blog sans prétention et passioné (il aura au moins ce mérite s’il n’est pas passionnant) sur le genre fantastique.
Bienvenue!

JL

P.S : le nom de ce blog est un détournement du film Forbidden Zone de Richard Elfman, frangin du Danny du même nom, lui même compositeur attitré du réalisateur Tim Burton que vous connaissez a n’en point douter.

It’s only a movie!