Pushing Daisies

Souvenir lointain d’une soirée de décembre où votre humble serviteur était cloué à son canapé avec pour seule compagnie un maousse rhume qui n’en finissait pas et qui le tenait éveillé jusqu’au bout de la nuit. Oui je parle à la troisième personne. C’est bon de se la péter un peu.

Durant cette courte période j’ai découvert sur une chaîne belge deux séries télé. Un pétard mouillé, True Blood ( ça part un peu en sucette à partir de la saison 4, non?), et un petit bijou télévisuelle qui n’a duré que deux malheureuse saisons (22 épisodes) du nom de Pushing Daisies.

Ah! Pushing Daisies. Ses personnages haut en couleurs! Sa romance un peu culcul! Ses intrigues abracadabrantesque! Aussi, et surtout, son esthétique et son atmosphère à la fois très drôle et surréaliste!

Et sa désagréable sensation d’inachevé…

Pushing Daisies donc.

Créé par Bryan Fuller (Hannibal, la série, et American Gods plus récemment) en 2007, Pushing Daisies est un peu l’équivalent télé d’un bonbon au poivre : acidulé en surface et piquant à l’intérieur.

Le jeune Ned (Lee Pace) se retrouve affublé d’un bien singulier pouvoir. D’un seul touché du doigt, il est capable de ressusciter tout être, humain, animal ou végétal, pendant 60 secondes. Si Ned le touche une nouvelle fois avant l’échéance, le vivant mort le redevient… mort. Par contre, passé cette minute fatidique, le mort reste en vie, dès lors que Ned ne le retouche plus du tout. Maís pour rééquilibrer la balance, quelqu’un d’autre doit mourir. Vous suivez?

Pourquoi ces règles? On ne sait pas. Maís on s’en fiche, c’est quand même bien fun!

Il découvre ce pouvoir le jour où son chien, Digby, se fait écraser.

Le jeune Ned s’amourache de Charlotte Charles (Anna Friel), « la fille que l’on surnommait Chuck ». L’entente est parfaite, jusqu’au jour où la mère du pauvre Ned meurt. Est illico ressuscitée , et ce pendant plus d’une minute. Et ce faisant entraîne la mort du père de la pauvre Chuck. Au pouvoir de Ned s’ajoute dès lors ce lourd secret.

Chuck sera recueillie par ses deux tantes, Vivian et Lily (Ellen Greene et Swoosie Kurtz), deux anciennes nageuses synchronisées du nom de The Darling Mermaid Darlings.

Les années passent et Chuck et Ned se sont éloignés l’un de l’autre.

Emerson Cod (Chi McBride), un privé, est témoin du don de Ned, celui ci entre temps devenu pâtissier. Le détective a l’idée de faire équipe avec lui pour mener des interrogatoires post-mortem afin de toucher d’éventuelles récompenses. Tout roule jusqu’au jour où la victime à ressusciter s’avère être Chuck, étouffée et jetée en mer dans des circonstances mystérieuses. Les retrouvailles sont touchantes et, fatalement, Ned le pâtissier dépasse la minute fatidique.

Après moult péripéties, le duo dynamique résout l’affaire et devient trio à la fin de l’épisode.

S’ensuivront 21 épisodes aussi barré que celui ci étalés sur deux saisons… et une grande frustration de ne pas voir se poursuivre les aventures de Ned et de sa petite troupe haute en couleur.

Il y avait pourtant de quoi faire, et une saison de plus n’aurait pas été de trop pour pouvoir boucler le tout trankilou. On sent hélas un peu de précipitation dès lors que la deuxième saison touche à sa fin, le gros des intrigues étant bouclé en moins de 5 minutes.

Dommage, car il y avait ici un formidable alignement des planètes qui laissait augurer une certaine longévité, que cela soit par l’omniprésence pince sans rire d’un narrateur à la voix suave (Jim Dale dans la v.o), de résolution d’énigmes qui ne sont que prétextes à aligner des idées plus folles les unes que les autres (ce meurtre inénarrable d’un ersatz du Colonel de KFC plongé dans sa propre mixture… en ressort un humain frit peu ragoûtant et d’allure cartoonesque), du look général particulièrement bariolé (que cela soit les costumes ou les décors, quelque part entre Tim Burton et Jean-Pierre Jeunet)), des dialogues et des gags réglés au millimètre, ou d’une galerie de personnages, héros comme seconds couteaux, d’une loufoquerie assumée.

Olive Snook en tête (Kristin Chenoweth dans le rôle titre), amoureuse éprise de Ned, qui lui ne la considère qu’en temps qu’employée et amie. Olive, de frustration et de colère d’avoir accumuler tant de petits secrets et de cachoteries de la part de ses pairs, se retirera dans un couvent (et nous livrera au passage un numéro musical façon La Mélodie du Bonheur), pour mieux revenir par la suite.

On est loin des idées morbide d’un Hannibal ou des confrontations violentes des nouveaux et anciens dieux d’American Gods, les derniers bébés en date du créateur de la série Bryan Fuller. Mais le tout se regarde sans déplaisir. Il fut question à un moment d’un passage sur grand écran. Ce serait bon de revoir un jour Ned et ses camarades de jeu au cinéma! Pour l’heure, les au revoirs ont surtout un arrière goût, une amertume, un sentiment d’expédier à la va vite.

This is the story of a piemaker named Ned.